[proche]

On dit que le matin nous porte conseil. Qu'après une bonne nuit de sommeil, les idées se remettent en ordres, et que votre esprit arrive à y voir clair dans les endroits les plus sombres de votre vie. Tu parles charles ! Ça fait longtemps que London ne se fit plus à ce genre de connerie qui ne lui a jamais porté bon conseil. Peut-être n'a t-elle jamais voulu y croire suffisamment pour que la magie opère... Ce fut aux alentours de 14h00 que London décida d'ouvrir les yeux. L'esprit encore troublé, ce fut d'un élan surhumain que la jeune femme trouva la force de sortir de son lit. Yeux plissaient, sourcils froncés, les rayons du soleil avaient réussis à s'infiltrer à travers la matière des rideaux qui ornaient la petite fenêtre de sa chambre. D'un geste las, elle abaissa la poignée de la porte et porta sa main à ses tempes. London n'avait pas réussi à fermer l'oeil de la nuit. Les cernes avaient marqués son visage livide et la marque de l'oreillet s'était incrusté sur sa joue. Ne voulant pas passer sa journée à essayer de recoller les souvenirs les uns avec autres afin de se remémorer la soirée de la veille, London préféra ne pas rester enfermée chez elle. Ce fut avec un peu plus d'énergie et d'enthousiasme que la jolie blonde s'infiltra dans la douche...
Après avoir épuisé toute l'eau chaude en une seule utilisation, London pouvait être fière d'elle. De mauvaise humeur, rien ne pouvait être pire qu'un douche froide à ce jour...

Cueillez, cueillez votre jeunesse : Comme à cette fleur, la vieillesse, Fera ternir votre beauté. Célèbre citation que London se répétait sans cesse, à chaque fois que son reflet apparaissait dans la transparence de l'eau, ou bien dans le miroir de sa salle de bain. Même si vieillir est une étape naturelle du cycle de la vie, la jolie blonde n'accepterait pas de ne plus pouvoir un jour, sortir tard le soir, comme elle sait si bien le faire aujourd'hui. Car en effet, ce soir là, London avait comme projet de quitter sa chambre pour la troquer contre quelque chose qui pourrait lui faire oublier ses problèmes. Pendant toute la journée, son esprit avait été focalisé sur ses projets de ce soir là. Inattentif aux cours, ni même aux discutions de ses pitoyables amies qui l'ennuyaient avec leurs conversations inutiles, elle n'avait pas dit un mot... Ne parlant jamais pour rien dire, n'allez surtout pas l'énervé avec un monologue sans queue ni tête, comme ses amies faisaient à longueur de journée. Le temps semblait s'être figé. Les heures étaient de plus en plus longues, et le chewing-gum que London mastiquait depuis déjà deux longues heures, commençait à perdre sa saveur. Elle avait passé sa journée assise sur sa chaise. Se tenant droite, mal à l'aise contre le dossier trop raide, sa chaussures venait percuter le pied en métal de la table, à mouvements réguliers, ce qui émettait un battement telle les aiguilles d'une horloge. Les battements émettaient un écho dans la salle de cours, silencieuse comme jamais. Lorsqu'elle fut sur le trajet du retour, London avait le regard fixé au sol, ne voulant pas distraire son esprit avec toute l'agitation des quartiers bruyants. Elle tenait entre ses bras, deux ou trois livres, dont elle ne s'était même pas donné la peine d'ouvrir. Complètement désintéressé de ses cours, London rêvassait et se contentait de dessiner entre les carreaux blancs des feuilles, qu'elle rendait, encore et toujours vierges, sans aucune trace écrite sur le sujet proposé. Car en effet, London savait qu'hier, elle n'avait plus toute sa tête. Revenons quelques heures dans le passé que je vous explique ce qu'il s'est réellement passé.



Arrivée devant la lourde porte de verre de l'immeuble, ayant descendu les marches de l'escalier en colimaçon deux par deux, sa respiration était haletante. La jeune femme sorti de son sac de cuir sobre, ses clefs qui à leurs chocs entre elles, émettaient un léger tintement. Une fois la porte déverrouillée, London sorti de l'immeuble et referma d'un claquement la porte derrière elle. Un noir profond soulignait son regard ténébreux, et son visage était balayé d'une blancheur éclatante. Elle portait une robe de crêpe légèrement décolletée noir, qui lui seyait merveilleusement. Pas de talons juste des converses bleus turquoise, comme toujours. Un rang de perles grises entourait son cou. Ses cheveux couleur miel descendaient en cascade sur ses épaules. Dans les ruelles, le regard perdu de la jeune femme divergeait de tous les côtés. Même si l'agitation de ce matin s'était réellement estompée, l'ambiance festive des névrosés du quartier, avait envahie les rues, leur donnant un côté un brin sinistre. Alors que le son de ses pas semblaient réguliers sur le sol humide du trottoir, le volume qu'ils émettaient, commençait à faiblir peu à peu d'intensité, alors que son ouie avait détecté la présence de musique dans les alentours.

La plupart des gens auraient lancés de nombreux regards méprisant sur la jeune si elle leur avait dit où elle se rendait ce soir, mais l'important, n'était pas les autres, mais bien elle-même. A peine entrée, London pu observer minutieusement le regards d'une dizaine d'hommes en mode arrêts sur la scène où le spectable continuait d'enflammer la salle. C'est avec un sourire au coin des lèvres que London s'avança vers le bar qui se trouvait au fond de la pièce. Elle commanda, et lorsque ça boisson arriva, un soupire de satisfaction venait illuminer ses yeux cernés. Lorsque le volume sonore envahissait peu à peu l'esprit de London, celle-ci se laissa embarquer dans une vague de plaisir dont personne n'aurait pu l'en sortir, sauf une certaine personne. Une personne bien particulière...

Détournant le regard vers l'étendue de la salle, London méprisait tout ce qui bougeait. Et ce fut malencontreusement que ses yeux vinrent se poser sur l'élégant jeune homme de Manchester, Ryan. En apercevant sa silhouette au loin, c'est avec un peu de chance que la jeune femme ne s'étrangla pas. Portant sa main à sa tempe, un moment de réflexion s'était imposé dans son esprit complètement bouleversée. A ce moment même, London hésita à s'enfuir en courant de la salle. Mais comme il lui restait encore un peu de fierté, elle décida de rester face aux danger et affronter les plaisirs de la nuit...

[proche]

Il est vrai que chaque jeune fille ont en elles cette part de fierté qu'elles ne souhaitent voir s'effondrer du jour au lendemain, pour cause, un seul faux pas... Ici, l'erreur aurait été pour la délicieuse London, de s'être aventurée un peu trop loin dans un endroit si mal famé aux yeux des autres. Mais pour tout vous dire, les préjugés sont bien loin derrière elle aujourd'hui. Et la vie ne vaut la peine d'être vécu que si l'être humain surpasse toute réflexions désobligeantes. C'est en tout cas, se que se répétait sans cesse London, lorsqu'elle savait, que ses choix, n'étaient pas les meilleurs. Ce soir là, la jeune femme aurait voulu ne pas être biologiquement programmée à vouloir sans cesse franchir les interdits. Etre raisonnable. C'est peut être ce dont London manquait cruellement. Ne jamais être seule. Toujours être dans la lumière. Ne jamais être oubliée. Ces allocutions similaires tournaient en boucle dans l'esprit tourmenté de notre petite London, qui ne pouvait chasser ses pensées de sa tête. Elle ne pouvait réellement expliquer ce besoin de perfection, afin de toujours être entourée d'une vie sociale animée. C'était plus fort qu'elle. Et cette nuit là, ce besoin légendaire allait pouvoir enfin être réanimé de nouveau. Non, je ne vous parle pas de ces femmes exhalant un charme envoûtant, dansant sensuellement afin d'exhausser les nombreux fantasmes de la gente masculine, mais plutôt d'une retrouvailles, pour le moins inimaginable pour London. Ryan Morrigan. Comment oublier ce nom qui lui avait ennuagé l'esprit dans son jeune âge. Se souvenir de leur première rencontre, ne fut pas difficile pour London, lorsqu'on sait que l'homme en question l'a inconsciemment aidé à devenir, définitivement, une femme. Etrangement, London n'avait pas vraiment eut de remords de cette nuit là. Son corps en frissonnait encore rien que d'y repenser. Pour la majorité des filles de son âge - à l'époque -, la première fois se devait d'être parfaite, avec l'homme idéal, qui resterait avec elle pendant de longues années encore. Mais pour London, se fut étrangement différent. Car en effet, Ryan n'était peut-être pas l'homme idéal dont ses filles rêvaient, l'homme qui resterait avec elles jusqu'à leur mort... Mais il avait su charmer au plus profond d'elle même, mademoiselle Hamilton. Consciente de n'avoir aucun futur avec cet homme qui lui fit perdre sa virginité il y a quelques années de ça, London ne s'attendait à rien de sa part. Et elle eut raison. D'une nature très lucide, London savait qu'en mettant les pieds dans un bar minable des quartiers lugubres de Manchester, elle ne trouverait pas le prince charmant. Mais elle savait au moins, qu'elle pourrait se changer les idées, un minimum. Et ce fut vite fait lorsqu'elle fit la rencontre de ce fameux Morrigan...

Il est toujours difficile d'affronter la vérité en face, mais étrangement, cela ne faisait plus vraiment peur à London désormais. Elle savait ce qu'il c'était réellement passé, et assumait avec fierté ses moindres faits et gestes du passé. Qu'ils soient bons, ou mauvais. Aucune importance, aujourd'hui nous sommes dans le présent, ressassant de nombreuse débauches du passé... à savoir la liaison entre Ryan, et London. C'est assez curieux de se dire qu'aujourd'hui, après des années sans avoir eut l'idée de s'informer de l'autre, les destins de ces deux jeunes gens, vinrent à se recroiser, dans une ambiance, presque similaires à celle de l'époque. Le lieu lui n'a pas tellement évolué, mais les personnalités elles, ont bels et bien changées. Ce soir n'allait pas être de tout repos et s'annonçait être, plus ou moins explosif... Sur le visage angélique de la jeune femme, un regard sombre et alarmiste s'était incrusté. Même si l'envie d'affrontement la brûlait intérieurement, il y avait toujours cette première rencontre qui effrayait plus ou moins notre jeunne Anglaise. Nausée, London sentait qu'un profond dégoût commençait à s'emparer d'elle, plus son esprit se replongeait dans le passé. Lorsque ses yeux recroisèrent la silhouette du jeune Ryan, London pivota sur son siège, et son regard resta figé quelques instants sur le fond à moitié vide de son verre. Inerte, une présence se fit sentir à sa droite. « Mais qui vois je ? N'est ce pas là notre jeune anglaise qui est venue se perdre dans l'antre du pêché ? ». A ces paroles, la gorge de London se crispa. Un sourire infiniment léger vint se déposer aux coins des lèvres rosées de la jeune femme alors que les traits de son visage se détendaient peu à peu. Son regard noisette se plongea dans celui du jeune homme qui se tenait près d'elle, puis le dévisagea sans peine. London baissa le regard puis leva son verre à hauteur de son visage, faisant tournoyer les trois glaçons qui commençaient à peine de fondre. Le sourire de la jeune femme s'élargit sur ses lèvres et c'est d'une voix envoutante qu'elle prononça ces quelques mots :


- Qu'est-ce que le diable vient faire sur terre ?...


Sur ces bonnes paroles sarcastiques, London avala une gorgée de l'eau glacée qui s'était déposée au fond de son verre.

[proche]

Il est de ces femmes, dont le pouvoir de séduction est ancré dans leur âme depuis toujours, et qui malheureusement pour elles, ne se rendent compte de cela, que trop tard... Mais il y a également ces femmes, qui possèdent cette puissante attirance, et qui ont bien vite conscience, que leur charme ne laisse pas les hommes indifférents. London approprierait sûrement aux femmes de la seconde catégorie. Bien que la jolie blonde ne soit pas la magnifique mannequin, grande, aux yeux bleus hivernal, on peut facilement trouver en elle cette délicatesse et cette subtilité dont ses paroles s'emparent lorsque son charme prend possession de son esprit. Peut-être pas totalement consciente de son attitude dévastatrice, London arrive sans difficulté à préserver sa fierté dans les moments, les plus complexes. On l'a d'ailleurs peut-être trop souvent qualifiée de fille Incompréhensible et mystérieuse, qui ne s'ouvre que très rarement aux autres. Mais balivernes. Il ne faut pas fonder ses idées sur celles des autres, qui de surcroît, sont certainement fausses. London est une jeune femme pleine de mystères certes, mais qui sait manipuler à sa façon et ennuager l'esprit avec un peu de conviction. Mademoiselle Hamilton commence à s'approprier toutes les qualités d'une véritable petite peste sans scrupule lorsqu'elle s'adresse à un homme qui s'avèrerait être un peu trop encombrant. A quoi bon lui dire poliment de lui foutre la paix lorsqu'on peut avoir le plaisir de l'envoyer valser. Cruelle ? Peut-être un peu certes, mais jamais bien longtemps. Il suffisait simplement de se trouver, un nouveau jouer. Ce soir là, le titre de marionnette aurait été désigné au jeune Ryan Morrigan. Mais étrangement, London ne le considérait pas comme tel et ne songeait pas agir de la même façon qu'avec tout autres enjôleur de son genre. N'oublions qui il était. Et ça, la jeune femme ne pourrait jamais faire une croix dessus. Difficile de croire que la belle puisse autant s'attacher à une personne si caricatural du puissant séducteur. Mais il faut croire que les premières fois restent à tout jamais gravée dans les mémoires. Car enffet, hier encore, ne plus être vierge était une étape de la vie qui semblait déjà bien loin derrière elle. Mais elle se trompait. Car même si le temps était passé les souvenirs étaient restés... Impassible, le magnifique visage angélique de London semblait avoir perdu de son éclat en un poignée de seconde. Un souvenir troublant avait percuté son esprit lorsque la voix suave du jeune homme semblait résonnait un peu plus intensément dans son esprit. Leurs peaux se frôlaient, mais London ne posa pas le regard sur Ryan, et laissa percevoir une esprit de supériorité fictive. Elle le laissa parler sans l'interrompre. Quoi de plus délectable que de savourer cette finesse infime dans les mots du jeune homme. London savait qu'elle n'était pas la première et qu'elle ne serait sans doute pas la dernière. Elle savait qu'elle se faisait tout bonnement embarquer dans le petit manège du jeune british. Aucune crainte. London savait ce qu'elle avait à faire, et savait ce qu'elle voulait vraiment faire. « Même le diable doit prendre l'air, mon cœur. » Cette phrase semblait ne pas avoir percuté l'esprit de la jeune femme, et n'y prêta pas plus d'attention. Ce n'était qu'une subtilité parmi tant d'autres à laquelle London se contenta d'acquiescer d'un brève sourire ravageur. Le regard fixe, ses yeux n'avaient pas encore bien analysés les traits sombres du jeune homme. En réalité, son esprit, essayait sans cesse de se remémorer son visage. Les lieux n'arrangeaient pas la situation. Plongés dans une obscurité oppressante, il était difficile de scruter le physique de son interlocuteur, surtout lorsqu'il se tenait à quelques centimètre de son visage. Un sourire malicieux s'afficha sur ses lèvres tandis que ses yeux se rivèrent sur son verre que Ryan fit glisser le long du comptoir. « Laisse donc ton eau aux fillettes. Et passons aux choses sérieuses. Tu ne m'as pas répondu, tout à l'heure. Qu'est ce qui t'amène ici La clientèle n'est pas des plus respectable. » A ce moment là, les yeux noisettes de la jeune femme se posèrent sur le visage décontracté qu'affichait Ryan.


ça fait déjà un moment que je ne me fonde plus sur les opinions des autres... ajouta-elle d'une voix clame mais assurante.


Il est vrai que les lieux, n'étaient peut-être pas destinés aux jeunes femmes de son âge - et encore. Mais pourquoi pas ? En effet, London n'en avait que faire ce que les autres pouvaient bien penser d'elle. Elle n'avait aucune explication à donner, à personne. Et encore moins à ce charmant anglais. Comment si une fille de haute société, comme elle l'était, n'avait pas le droit de fréquenter les endroits qu'elle désirait même s'ils n'étaient pas les plus recommandés. Après tout, elle restait un être humain à ce que je sache. Et l'être humain est libre de se rendre où il le souhaite de son plein gré. En revanche, il semblait que Ryan ne voyait pas cela de la même manière. Car apparemment, London devait se sentir fautive d'être ici ce soir. Après quelques instants de silence, elle reprit :


Je fais comme tout le monde. Je viens ici pour les mêmes raisons que la fille assise à ma gauche tout simplement. Et toi ? Ryan.


Lorsque se nom s'échappa de ses lèvres, un léger frisson traversa son corps tout entier. Il habitait une sourde souffrance de nostalgie et de souvenirs qui la hantaient... London prit son verre, et avala amèrement une gorgée de sa boisson, les yeux plissés.